
Mais plutôt que de véritablement tirer un bilan de cette nouvelle année de bloguinat (terme délicieusement suranné qu’avait employé il y a longtemps l’un de mes plus fidèles lecteurs— et néanmoins écrivain — et que je préfère nettement au “blogging” et autre improbable “blogage”), bilan qui risquerait d'être fastidieux, peut-être serait-il plus judicieux de commencer à comprendre comment mieux bloguer…
Un constat en demi-teinte
La tendance semble s’essouffler. Nombre de blogueurs ont connu une baisse de régime, des pannes d'inspiration et beaucoup ont carrément “fermé boutique” ou ont laissé leur blogue mourir à petit feu. Le développement de plateformes telles que Twitter, Facebook, Tumblr, Google+, etc., n’y est sans doute pas étranger. On y “publie” infiniment plus rapidement, plus facilement, en deux clics et cent quarante caractères, c’est plus réactif, on “like”, on “RT”, on “LT” un film ou l’émission de télé en cours, on a plein d’amis, des tas d’abonnés… Bref, la société de l’instantané dans toute sa splendeur dans laquelle le contenu original s’amenuise : on se contente de répliquer des liens, de faire sa petite revue de presse, de répondre à un bon mot…
Lors de l’apparition du microblogging, ceux qui s’y inscrivaient étaient avant tout des blogueurs qui se servaient de ces canaux essentiellement pour promouvoir leurs billets. Ils créaient d’abord et cherchaient à diffuser ensuite. C'est encore le cas aujourd’hui, mais de plus en plus de “twittos” n’ont plus de blogue ou n’en ont jamais eu. Encore plus fort : il semble que la nouvelle mode soit de ne surtout pas cliquer sur les liens des autres. C’est le sommet de l’absurde — Ionesco et les Shadocks peuvent aller se rhabiller.
Mais la création ? Ah, ça !, c’est une autre affaire. Car la création demande de l’implication, de la volonté. On oublie trop souvent que l’internet est un média entièrement écrit : écrire, c’est difficile. Écrire un billet, régulièrement si possible, ça nécessite de l’imagination, du temps, des recherches, de la rigueur. Et l’époque n’est plus, on peut le regretter ou non, ni à la concentration ni à l’approfondissement.
Vers plus de qualité ?
Dans ce contexte, on pourrait croire que le blogue est passé en cinq ans de l’avant-garde au quasi ringardisme. D’aucuns affirment ainsi que le temps de l’écrémage est venu. Seuls restent ou resteront les “meilleurs”, les rares qui ont un brin de talent, ou quelque chose à dire, ou les plus obstinés, quand ce ne sont pas les plus obtus (et parfois, tout ça en même temps).
C’est donc le bon moment pour essayer de partager nos acquis respectifs. Après tout, c’est vrai : on a tous appris à bloguer de façon empirique. Et on a tous (du moins, on devrait tous avoir) envie de progresser. C’est pourquoi, quand un blogueur, Éric Mainville en l’occurrence, a l’idée de consigner son expérience sous la forme d'un guide plutôt réussi et accessible, la meilleure chose à faire est d'en parler et de contribuer à sa diffusion. Parce qu'il m’a été utile, je suis persuadé que d'autres y trouveront leur bonheur.

La plupart des conseils de ce petit fascicule électronique sont certes frappés au coin du bon sens, mais ils sont surtout très utiles parce qu'ils établissent une sorte de grille que tous les blogueurs devraient connaître. Or, en surfant, on se rend compte qu'il n'en est rien. Dans l'absolu, sa lecture devrait être incontournable pour tous ceux qui veulent ouvrir un blogue aujourd’hui, ainsi que pour ceux qui
Outre les conseils sur la rédaction, il aborde la forme, c’est-à-dire la mise en page d’un blogue (sans pour autant être un manuel de graphisme, ce n'est pas le propos). Certains blogueurs en effet oublient que la forme, en communication, est presque aussi importante que le fond. La forme incite (ou non) à lire : un blogue bordélique verra très certainement son audience limitée du seul fait de son manque de fonctionnalité. En fait, question forme (et là, c’est ma propre expérience de “communiquant” qui parle), la simplicité est toujours la meilleure option. Simplicité, clarté et légèreté : garder ces trois mots à l’esprit quand on paramètre la présentation de son blogue permet d’éviter bien des erreurs rédhibitoires.
Au passage, parmi ces erreurs, Mainville souligne à juste titre le cas de la publicité intrusive : “On peut tenter de monétiser son blog grâce à la publicité. Mais il ne faut pas en abuser : non seulement elles vous rapporteront peu, mais elles risquent de faire fuir vos lecteurs”. Rien de plus agaçant en effet, quand vous arrivez sur un blogue, que ces pop-up (fenêtres de pub) qui se déclenchent en cascade, ou encore ces encarts pour
Des chapitres synthétiques
La grande qualité des “101 trucs” c’est qu’ils sont présentés sous forme de listes de dix points essentiels. Faciles à lire, à comprendre et à mettre en œuvre. Par exemple, et dans le désordre, les “10 idées pour tirer parti des archives de son blog” : après avoir lu ce chapitre, j’ai aussitôt installé un module (fourni par mon hébergeur) qui présente les billets les plus consultés de la semaine.
Si la raison donnée par Mainville coule de source, elle ne m’était pourtant pas venue à l’esprit en cinq ans : “Une des caractéristiques du blog est son classement chronologique. Par conséquent, pour éviter que vos meilleurs articles ne tombent dans l'oubli, il faut les faire remonter à la surface (…) Une liste de billets populaires peut être mise en évidence (…) Les personnes qui visitent votre blog pour la première fois pourront ainsi se faire une idée des sujets que vous abordez”.
Il y a aussi les “10 trucs pour trouver de l'inspiration”, où Mainville rappelle que “Lire des livres régulièrement est sans doute le meilleur moyen de trouver des idées. Lire des livres, c'est plus nourrissant que de lire le journal ou un article sur Internet. Se plonger dans un roman classique ou un essai vous met directement en contact avec les grandes idées. Et, surtout, lire des livres vous confronte avec des textes structurés”.
Ou encore “Les 10 qualités du blogueur” qui évoquent l’humilité : “Le blog n'est pas un concours d'ego. Parler de soi dans chaque billet devient vite insupportable. Soyez humble : mettez en avant ce que vous avez à dire, et non vous-même. Le blogueur (…) n'oublie pas que certaines personnes en savent plus que lui, même sur les sujets qu'il croit connaître”.
Chacun des chapitres aborde ainsi tous les aspects et les étapes de la publication : 10 questions à se poser avant de publier un billet ; 10 conseils pour mieux écrire ; 10 erreurs à ne pas commettre ; 10 bonnes raisons de commenter un blog ; etc., etc.
On y apprend également qu'il est important de bien réfléchir aux titres de ses billets si on veut optimiser leur référencement, et qu'en toute circonstance il convient de soigner le contenu. Ce qui signifie évidemment se relire, se corriger (on ne le répètera jamais assez) et quelquefois, ne pas publier immédiatement un billet, le laisser “reposer” pour mieux le travailler — ou finalement, ne pas le publier du tout...
En conclusion
Les “101 trucs pour améliorer votre blog” est le mémento du blogueur à se procurer sans hésiter. Il délivre des bases que malheureusement certains n'ont jamais acquises (ce qui est donc loin d'être inutile) et rassemble toutes les pistes pour faire de son blogue un blogue plus intéressant. Et même si on n'applique pas la totalité de ses conseils (moi pour le beau premier, puisque Mainville prône une concision que je transgresse allègrement aujourd'hui), il est indispensable de les avoir en tête.
Pour finir, on pourra aller jeter un œil au billet de Tête de Quenelle (“10 conseils pour commencer à bloguer”), instructif aussi pour ceux qui bloguent déjà depuis longtemps.